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Page:Renan - Jesus, Levy, 1864.djvu/162

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porté jusqu’au scrupule. Il disait qu’on avait fait de la maison de prière une caverne de voleurs. Un jour même, dit-on, la colère l’emporta ; il frappa à coups de fouet ces ignobles vendeurs et renversa leurs tables. En général, il aimait peu le temple. Le culte qu’il avait conçu pour son Père n’avait rien à faire avec des scènes de boucherie. Toutes ces vieilles institutions juives lui déplaisaient, et il souffrait d’être obligé de s’y conformer. Aussi le temple et son emplacement n’inspirèrent-ils de sentiments pieux, dans le sein du christianisme, qu’aux chrétiens judaïsants. Les vrais hommes nouveaux eurent en aversion cet antique lieu sacré. Constantin et les premiers empereurs chrétiens y laissèrent subsister les constructions païennes d’Adrien. Ce furent les ennemis du christianisme, comme Julien, qui pensèrent à cet endroit. Quand Omar entra dans Jérusalem, l’emplacement du temple était à dessein pollué en haine des Juifs. Ce fut l’islam, c’est-à-dire une sorte de résurrection du judaïsme, qui lui rendit ses honneurs. Ce lieu a toujours été antichrétien.

L’orgueil des Juifs achevait de mécontenter Jésus, et de lui rendre pénible le séjour de Jérusalem. A mesure que les grandes idées d’Israël mûrissaient, le sacerdoce s’abaissait. L’institution des synagogues avait donné à l’interprète de la Loi, au docteur, une grande supériorité sur le prêtre. Il n’y avait de prêtres qu’à Jérusalem,