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Page:Renan - Jesus, Levy, 1864.djvu/179

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qu’il se révélera. Il sait bien qu’il sera victime de sa hardiesse ; mais le royaume de Dieu ne peut être conquis sans violence ; c’est par des crises et des déchirements qu’il doit s’établir. Le fils de l’homme, après sa mort, viendra avec gloire, accompagné de légions d’anges, et ceux qui l’auront repoussé seront confondus.

L’audace d’une telle conception ne doit pas nous surprendre. Jésus s’envisageait depuis longtemps avec Dieu sur le pied d’un fils avec son père. Ce qui chez d’autres serait un orgueil insupportable, ne doit pas chez lui être traité d’attentat.

Le titre de « fils de David » fut le premier qu’il accepta, probablement sans tremper dans les fraudes innocentes par lesquelles on chercha à le lui assurer. La famille de David était, à ce qu’il semble, éteinte depuis longtemps ; ni les Asmonéens, d’origine sacerdotale, ni Hérode, ni les Romains ne songent un moment qu’il existe autour d’eux un représentant quelconque des droits de l’antique dynastie. Mais, depuis la fin des Asmonéens, le rêve d’un descendant inconnu des anciens rois, qui vengerait la nation de ses ennemis, travaillait toutes les têtes. La croyance universelle était que le Messie serait fils de David et naîtrait comme lui à Bethléhem. Le sentiment premier de Jésus n’était pas précisément cela. Le souvenir de David, qui préoccupait la masse des Juifs, n’avait rien de commun avec son