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Page:Renan - Jesus, Levy, 1864.djvu/189

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mais dans le monde entier, que les démons s’emparent du corps de certaines personnes et les font agir contrairement à leur volonté. L’épilepsie, les maladies mentales et nerveuses, où le patient semble ne plus s’appartenir, les infirmités dont la cause n’est pas visible, comme la surdité, le mutisme, étaient expliquées de la même manière. Il y avait alors beaucoup de fous en Judée, sans doute par suite de la grande exaltation des esprits. Ces fous, qu’on laissait errer, comme cela a lieu encore aujourd’hui dans les mêmes régions, habitaient les grottes sépulcrales abandonnées, retraite ordinaire des vagabonds. Jésus avait beaucoup de prise sur ces malheureux. On racontait au sujet de ses cures mille histoires singulières, où toute la crédulité du temps se donnait carrière. Mais, ici encore, il ne faut pas s’exagérer les difficultés. Les désordres qu’on expliquait par des possessions étaient souvent fort légers. De nos jours, en Syrie, on regarde comme fous ou possédés d’un démon des gens qui ont seulement quelque bizarrerie. Une douce parole suffit souvent dans ce cas pour chasser le démon. Tels étaient sans doute les moyens employés par Jésus. Une complète innocence, l’enthousiasme, qui lui était jusqu’à la possibilité d’un doute, couvraient toutes ces hardiesses. Des hommes moins purs que lui cherchaient à abuser de son nom pour des mouvements séditieux. Mais la direction toute morale et nullement politique du caractère de Jésus le sauvait de ces entraî-