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Page:Renan - Jesus, Levy, 1864.djvu/218

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pour avoir voulu le défendre. « Eh quoi ! toi aussi, tu es Galiléen ? lui dit-on. Consulte les Écritures ; est-ce qu’il peut venir un prophète de Galilée ! »

La ville, comme nous l’avons déjà dit, déplaisait à Jésus. Jusque-là, il avait toujours évité les grands centres, préférant pour son action les campagnes et les villes de médiocre importance. Plusieurs des préceptes qu’il donnait à ses apôtres étaient absolument inapplicables hors d’une simple société de petites gens. N’ayant nulle idée du monde, accoutumé à son aimable communisme galiléen, il lui échappait sans cesse des naïvetés, qui à Jérusalem pouvaient paraître singulières. Son imagination, son goût de la nature se trouvaient à l’étroit dans ces murailles. La vraie religion ne devait pas sortir du tumulte des villes, mais de la tranquille sérénité des champs.

L’arrogance des prêtres lui rendait les parvis du temple désagréables. Un jour, quelques-uns de ses disciples, qui connaissaient mieux que lui Jérusalem, voulurent lui faire remarquer la beauté des constructions du temple, l’admirable choix des matériaux, la richesse des offrandes votives qui couvraient les murs. « Vous voyez tous ces édifices, dit-il ; eh bien, je vous le déclare, il n’en restera pas pierre sur pierre. » Il refusa de rien admirer, si ce n’est une pauvre veuve qui passait à ce moment-là, et jetait dans le tronc une petite obole. « Elle a donné plus que les autres, dit-il ; les