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Page:Renan - Jesus, Levy, 1864.djvu/257

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encore régis par le code de l’islam. Quoique neutres en religion, les Romains sanctionnaient ainsi fort souvent des pénalités portées pour des délits religieux. Josèphe prétend (mais certes en en peut douter) que, si un Romain franchissait les colonnes qui portaient des inscriptions défendant aux païens d’avancer, les Romains eux-mêmes le livraient aux Juifs pour le mettre à mort.

Les agents des prêtres lièrent donc Jésus et l’amenèrent au prétoire, qui était l’ancien palais d’Hérode, joignant la tour Antonia. On était au matin du jour où l’on devait manger l’agneau pascal (vendredi, 14 de nisan = 3 avril). Les Juifs se seraient souillés en entrant dans le prétoire et n’auraient pu faire le festin sacré. Ils restèrent dehors. Pilate, averti de leur présence, monta au bima ou tribunal situé en plein air, à l’endroit qu’on nommait Gabbatha ou en grec Lithostrotos, à cause du carrelage qui revêtait le sol.

A peine informé de l’accusation, il témoigna sa mauvaise humeur d’être mêlé à cette affaire. Puis il s’enferma dans le prétoire avec Jésus. Là eut lieu un entretien dont les détails précis nous échappent, aucun témoin n’ayant pu le redire aux disciples, mais dont la couleur paraît avoir été bien devinée par Jean. Son récit, en effet, est en parfait accord avec ce que l’histoire nous apprend de la situation réciproque des deux interlocuteurs.

Le procurateur Pontius, surnommé Pilatus, sans doute à cause du pilum ou javelot d’honneur dont lui