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Page:Renan - Jesus, Levy, 1864.djvu/85

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de son mari, à l’égard des autres personnes de sa famille, ne lui laissait aucun repos ; elle voulait être souveraine à tout prix. Antipas fut l’instrument dont elle se servit. Cet homme faible, étant devenu éperdument amoureux d’elle, lui promit de l’épouser et de répudier sa première femme, fille de Hâreth, roi de Pétra et émir des tribus voisines de la Pérée. La princesse arabe, ayant eu vent de ce projet, résolut de fuir. Dissimulant son dessein, elle feignit de vouloir faire un voyage à Machéro, sur les terres de son père, et s’y fit conduire par les officiers d’Antipas.

Makaur ou Machéro était une forteresse colossale bâtie par Alexandre Jannée, puis relevée par Hérode, dans un des ouadis les plus abrupts à l’orient de la mer Morte. C’était un pays sauvage, étrange, rempli de légendes bizarres et qu’on croyait hanté des démons. La forteresse était juste à la limite des États de Hâreth et d’Antipas. À ce moment-là, elle était en la possession de Hâreth. Celui-ci, averti, avait tout fait préparer pour la fuite de sa fille, qui, de tribu en tribu, fut reconduite à Pétra.

L’union presque incestueuse d’Antipas et d’Hérodiade s’accomplit alors. Les prescriptions juives sur le mariage étaient sans cesse une pierre de scandale entre l’irréligieuse famille des Hérodes et les Juifs sévères. Les membres de cette dynastie nombreuse et assez isolée étant réduits à se marier entre eux, il en résultait de