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Page:Renan - La Vie de Jésus.djvu/37

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Malchus ; » « ils avaient allumé un réchaud, car il faisait froid ; » « cette tunique était sans couture. » De là, enfin, le désordre de la rédaction, l’irrégularité de la marche, le décousu des premiers chapitres ; autant de traits inexplicables dans la supposition où notre évangile ne serait qu’une thèse de théologie sans valeur historique, et qui, au contraire, se comprennent parfaitement, si l’on y voit, conformément à la tradition, des souvenirs de vieillard, tantôt d’une prodigieuse fraîcheur, tantôt ayant subi d’étranges altérations.

Une distinction capitale, en effet, doit être faite dans l’évangile de Jean. D’une part, cet évangile nous présente un canevas de la vie de Jésus qui diffère considérablement de celui des synoptiques. De l’autre, il met dans la bouche de Jésus des discours dont le ton, le style, les allures, les doctrines n’ont rien de commun avec les Logia rapportés par les synoptiques. Sous ce second rapport, la différence est telle qu’il faut faire son choix d’une manière tranchée. Si Jésus parlait comme le veut Matthieu, il n’a pu parler comme le veut Jean. Entre les deux autorités, aucun critique n’a hésité, ni n’hésitera. A mille lieues du ton simple, désintéressé, impersonnel des synoptiques, l’évangile de Jean montre sans cesse les préoccupations de l’apologiste, les arrière-pensées du sectaire, l’intention