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Page:Renan - La Vie de Jésus.djvu/432

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Jésus et le judaïsme pouvaient-ils vivre ensemble ? » Poser la question, c’était la résoudre, et sans être prophète, comme le veut l’évangéliste, le grand-prêtre put très bien prononcer son axiome sanglant : « Il est utile qu’un homme meure pour tout le peuple. »

« Le grand-prêtre de cette année » pour prendre une expression du quatrième évangéliste, qui rend très bien l’état d’abaissement où se trouvait réduit le souverain pontificat, était Joseph Kaïapha, nommé par Valérius Gratus et tout dévoué aux Romains. Depuis que Jérusalem dépendait des procurateurs, la charge de grand-prêtre était devenue une fonction amovible ; les destitutions s’y succédaient presque chaque année. Kaïapha, cependant, se maintint plus longtemps que les autres. Il avait revêtu sa charge l’an 25, et il ne la perdit que l’an 36. On ne sait rien de son caractère. Beaucoup de circonstances portent à croire que son pouvoir n’était que nominal. A côté et au-dessus de lui, en effet, nous voyons toujours un autre personnage, qui paraît avoir exercé, au moment décisif qui nous occupe, un pouvoir prépondérant.

Ce personnage était le beau-père de Kaïapha,