Aller au contenu

Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/113

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plaisir, et les uns montés sur des chevaux, les autres sur de plus humbles montures (des ânes) nous voilà trottant, galopant à travers les allées de la forêt. Moi-même, ma chère maman, je montais un coursier, mais rassurez-vous, il n’y avait rien à craindre, car vous sentez que ce ne sont pas les chevaux les plus fringants que l’on met ainsi aux portes du bois de Boulogne. De là nous nous sommes rendus au petit village de Suresnes, où nous avons passé la Seine. Ce petit village est situé au pied du Mont-Valérien que nous n’avons pu visiter, car il faut pour cela un billet du ministre, et nous n’avions pas songé à nous en procurer. Nous nous contentâmes donc de côtoyer la Seine qui devait nous mener jusqu’à Saint-Cloud, mais voici le plus bel incident de la promenade. Déjà nous avions remarqué sur la route plusieurs piquets de gendarmerie, plusieurs soldats qui allaient et venaient à cheval. Tout à coup nous entendons partir d’une bouche ce mot Le roi va passer. Et en effet après avoir attendu une heure environ, nous avons vu dans le lointain un nuage de poussière ; c’était la