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Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/171

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quelque chose de ravissant. C’est surtout dans la discussion ou l’argumentation que réside le plaisir. Deux élèves se prennent corps à corps sur une question, puis s’engage un duel à outrance, où l’on combat à coups d’arguments ou de raisonnements jusqu’à ce que l’un soit forcé de s’avouer vaincu. C’est vraiment fort intéressant. Tous les dimanches on le fait en public, et tous les jours on se réunit à sept ou huit pour le faire en particulier. Du reste, on n’est pas fort pressé d’ouvrage ; j’ai assez de temps de reste. Pourtant je n’ai pas encore mis à exécution le dessein que j’avais formé d’apprendre l’allemand. Cela me serait d’autant plus facile qu’il y a dans la maison plusieurs élèves qui le savent déjà, et qui pourraient me donner des conseils. Mais il faudrait acheter plusieurs livres, dictionnaires, etc., et les finances se refusent à une si vaste entreprise ; je n’en serais pas quitte pour moins de quinze ou vingt francs.

Vous me demandiez dans votre lettre, ma chère maman, si j’étais fidèle à faire de temps en temps quelque visite à Paris. Oui, sans doute, ma bonne mère. Dernièrement encore,