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Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/191

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veux pas, ma bonne mère, qu’une décision si importante dans ma vie se fasse sans votre conseil. Les conseils d’une mère ont quelque chose de trop sacré pour n’être pas consultés, quand il s’agit d’un engagement si important. Voici donc à quoi je m’engage : pesez-le attentivement, ma bonne mère, afin de me faire ensuite connaître votre décision.

En recevant la tonsure cléricale, je ne contracte aucun engagement irrévocable. C’est une simple promesse et non un vœu ; c’est un engagement d’honneur et non une obligation stricte et indissoluble. Mais vous sentez que, pour un cœur bien né, une promesse équivaut presque à un engagement, à plus forte raison, lorsque cette promesse s’adresse à Dieu lui-même. S’il ne faut donc pas d’un côté s’exagérer ses obligations, il ne faut pas non plus, sous prétexte qu’elles sont révocables, les contracter à la légère et sous peine de s’en repentir. Prendre Dieu pour mon partage, me consacrer à son service, et reculer ensuite, serait une infidélité que je me reprocherais toute ma vie je ne me la permettrais pas même envers un homme. Vous voyez donc,