Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/217

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par ta tendre mère. Courage, cher fils, ne te laisse pas abattre ! Le retard ne me fait rien, c’est l’état où je te vois ! Mon Dieu ! mon Dieu ! soutenez mon pauvre enfant, ou il succombera ; je suis plus courageuse que toi, mon Ernest. Si je n’avais vu l’état de ton pauvre cœur, j’aurais regardé ce retard comme rien, je dirais tout bonnement que tu attendras tes vingt et un ans. Très peu de personnes le savent, il n’y aura que Monsieur Pasco et Monsieur Gouriou qui verront ta lettre ; ils prieront le bon Dieu pour toi ainsi que ta pauvre maman. Tout ce que je te demande, c’est de ne point te faire de peine pour moi, mon enfant. Je suis résolue à tout ce que le bon Dieu voudra sur ton compte, j’avais même comme un scrupule de t’avoir manifesté mes désirs si ouvertement. Ernest, mon enfant chéri, consulte ta conscience et tes supérieurs et voilà tout. Ta pauvre mère se contentera de tout ce que le bon Dieu voudra. Que rendrai-je à Monsieur Gosselin pour toutes les marques d’intérêt qu’il te porte ! Que les lignes qu’il a eu la bonté de tracer au bas de ta lettre m’ont fait plaisir ! je les lis et relis avec bonheur.