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Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/241

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on s’aime comme nous nous aimons, on s’entend sans parler. Mes souhaits, vous les devinez mon affection, vous la connaissez ; elle n’est pas de celles qui s’effacent avec les années et que le temps emporte. Chaque jour, chaque année qui s’écoule ne font qu’ajouter à sa tendresse car chaque jour et chaque année me font sentir de plus en plus quel est toute ma joie, là est tout mon bonheur. Si j’entre avec joie dans la nouvelle année qui s’ouvre devant nous, c’est à cause de l’aimable perspective qu’elle ne s’achèvera pas sans qu’il m’ait été donné de me reposer dans les bras de ma mère, et de lui ouvrir mon cœur à loisir. Puisse-t-elle amener au plus tôt ces jours tant désirés ! Croyez que jusque-là je ne me plaindrai pas de sa rapidité.

Maintenant, tendre mère, oublions un instant le premier jour de l’an et l’heureux avenir qu’il nous présage, pour reporter nos regards sur les derniers jours de l’année qui vient de s’écouler, et qui l’ont si heureusement terminée. Si le cours de cette année déjà loin de nous a pu amener pour moi quelques jours tristes et amers, l’heureuse