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Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/309

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droite ? C’est, chère mère, cette institution célèbre où par des procédés habiles on parvient à donner aux malheureux sourds-muets les bienfaits de l’éducation. Je vois, bonne mère, ces pauvres enfants, tous les soins que l’on prend d’eux pour développer leur intelligence, et je suis quelquefois touché jusqu’aux larmes de leur air simple et ingénu. J’ai sous mes fenêtres leur vaste parc, orné de pièces d’eau et de bosquets touffus, ma récréation est de les regarder se livrant à leurs jeux muets et silencieux, mais gais et paisibles, et animés par les signes qu’ils s’adressent et la cordialité qu’ils se témoignent.

Mais continuons, chère mère, notre petite revue. Toujours à notre droite, nous entrevoyons tout près de nous le clocher et l’église de Saint-Jacques, la paroisse de notre Henriette autrefois, et, là-bas, derrière l’institution des Sourds-Muets, le vaste dôme du Val de Grâce. Enfin, bonne mère, j’entrevois là une maison qui m’est bien chère et sur laquelle j’arrête bien souvent mes regards. C’est celle que notre Henriette a habitée durant les dernières années de son séjour à Paris, celle où