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Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/327

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d’Ernest de l’hésitation à s’engager dans la carrière vers laquelle on avait, peut-être imprudemment, dirigé son enfance. Aucune répulsion ne fut d’abord exprimée, mais il se plaignait de l’opinion qui rend un jeune homme responsable des actions d’autrui, puisqu’il porte la peine de décisions qui ont été prises dans un âge où sa raison n’était pas encore développée. Je devais répondre, je répondis qu’en effet cette opinion serait une barbarie si elle existait, mais qu’une âme honnête ne pouvait la partager ; que nul d’entre nous n’avait eu l’intention ne pouvait avoir le désir de décider de son sort qu’au nom de tout ce qu’il y a de plus respectable, je le suppliais de n’écouter, en matière si grave, que les inspirations qui lui seraient propres, que les enseignements de sa raison et de sa conscience.

Dans les premiers mois de l’année dernière, il m’écrivit de nouveau et me dit qu’il était résolu à s’arrêter un peu, à se donner le temps d’envisager ce qui l’attendait, ce qui avait été tracé pour lui dans un temps où il n’était certainement pas d’âge à choisir.