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Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/334

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« Toi seul dois décider et agir, mais moi je dois te rendre possible de le faire avec liberté et discernement. »

J’ai la certitude, et nous devons l’avoir tous, qu’Ernest sera un honnête homme, un homme distingué et supérieur dans la voie qu’il suivra ; c’est tout ce que pour nous-mêmes nous pouvons lui demander : je n’ai jamais compris qu’il nous dût autre chose, quoique je sache combien son âme est généreuse et dévouée. C’est de lui qu’il s’agit en ceci, et nullement de nous ; vous le sentirez comme moi, ma bonne mère, et ce serait vous faire injure que d’insister. Une de vos lettres, chère maman, celle où vous lui avez annoncé que vous le saviez dans un établissement privé, lui a fait beaucoup de peine ; de grâce, tranquillisez-le l’idée de vous affliger le bouleverse, et pourtant il ne peut obéir en ceci à des suggestions qui viennent du dehors, quelque sacrée qu’en soit la source. Le malheureux garçon m’écrivait ici il y a environ six semaines : « Une seule chose me désole, chère amie ; c’est ma pauvre mère. J’avais voulu la préparer à ma sortie du collège S... et j’en reçois une lettre