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Page:Renan - Souvenirs d’enfance et de jeunesse.djvu/24

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mieux fait, si le temps l’eût permis, de laisser les gens de mérite tranquilles, sans les pensionner ni les gêner ! Le temps de la Restauration passe pour une époque libérale ; or, certainement, nous ne voudrions plus vivre sous un régime qui fit gauchir un génie comme Cuvier, étouffa en de mesquins compromis l’esprit si vif de M. Cousin, retarda la critique de cinquante ans. Les concessions qu’il fallait faire à la cour, à la société, au clergé étaient pires que les petits désagréments que peut nous infliger la démocratie.

Le temps de la monarchie de Juillet fut vraiment un temps de liberté ; mais la direction officielle des choses de l’esprit fut souvent superficielle, à peine supérieure aux jugements d’une mesquine bourgeoisie. Quant au second Empire, si les dix dernières années réparèrent un peu le mal qui s’était fait dans les huit premières, il ne