Aller au contenu

Page:Renan - Souvenirs d’enfance et de jeunesse.djvu/334

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

me défiais de tout système. Je ne m’arrêtai jamais à une objection sur les dogmes de la Trinité, de l’incarnation, envisagés en eux-mêmes. Ces dogmes, se passant dans l’éther métaphysique, ne choquaient en moi aucune opinion contraire. Rien de ce que pouvaient avoir de critiquable la politique et l’esprit de l’Église, soit dans le passé, soit dans le présent, ne me faisait la moindre impression. Si j’avais pu croire que la théologie et la Bible étaient la vérité, aucune des doctrines plus tard groupées dans le Syllabus, et qui, dès lors, étaient plus ou moins promulguées, ne m’eût causé la moindre émotion. Mes raisons furent toutes de l’ordre philologique et critique ; elles ne furent nullement de l’ordre métaphysique, de l’ordre politique, de l’ordre moral. Ces derniers ordres d’idées me paraissaient peu tangibles et pliables à tout sens. Mais la question de savoir s’il y a des contradictions entre le quatrième Évangile et les synoptiques est une question tout à fait saisissable. Je vois ces contradictions avec une évidence si absolue, que je jouerais là-