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Page:Renan - Souvenirs d’enfance et de jeunesse.djvu/346

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abandonné ? Comment concilier tout cela avec l’empire d’un père ? Il y a là des mystères, mon ami. Heureux qui peut ne les sonder qu’en spéculation !

Il faut que tu sois bien mon ami pour que je te dise tout cela. Je n’ai pas besoin de te demander le silence. Tu comprends qu’il faut des ménagements pour ma mère. J’aimerais mieux mourir que de lui causer une minute de peine. Ô Dieu, aurai-je la force de lui préférer mon devoir ? Je te la recommande ; elle aime beaucoup tes attentions ; c’est le plus grand service que tu puisses me rendre.

V

J’arrivai ainsi aux vacances de 1845, que j’allai passer, comme les précédentes, en Bretagne. Là, j’eus beaucoup plus de temps pour réfléchir. Les grains de sable de mes doutes s’agglomérèrent et devinrent un bloc. Mon directeur, qui, avec les meilleures intentions du monde, me conseillait mal, n’était plus auprès de moi. Je cessai de prendre part aux sacrements de l’Église, tout en ayant le même