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Page:Renan - Souvenirs d’enfance et de jeunesse.djvu/363

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Pendant que j’attendais, chez mademoiselle Céleste, que ma métamorphose fût achevée, la bonté de M. Carbon ne restait pas inactive. Il avait écrit pour moi à M. l’abbé Gratry, alors directeur du collège Stanislas, et celui-ci me fit offrir un emploi de surveillant dans la division supérieure. Je vis M. Dupanloup, qui me conseilla d’accepter : « Ne vous y trompez pas, me dit-il ; M. Gratry est un prêtre distingué, tout ce qu’il y a de plus distingué. » J’acceptai ; je n’eus qu’à me louer de tout le monde ; mais cela dura quinze jours à peine. Je trouvai que ma situation nouvelle impliquait encore ce à quoi j’avais voulu mettre fin en sortant du séminaire, je veux dire une profession extérieure avouée de cléricature. Je n’eus ainsi avec M. Gratry que des rapports tout à fait passagers. C’était un homme de cœur, un écrivain assez habile ; mais le fond était nul. Le vague de son esprit ne m’allait pas. M. Carbon et M. Dupanloup lui avaient dit le motif de ma sortie de Saint-Sulpice. Nous eûmes ensemble deux ou trois entretiens, où je lui exposai mes doutes positifs,