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Page:Renan - Souvenirs d’enfance et de jeunesse.djvu/88

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nant sa fille, et revint au village de nuit.

» Au milieu de cet éclat public, le vicaire ne put éviter d’apprendre la vérité sur une foule de points qu’il se dissimulait. Il n’en fut pas plus ému. Les faits évidents dont tout le monde s’entretenait, il feignait de les ignorer. Il ne demanda pas son changement, l’évêque ne songea pas à le lui proposer. On pourrait croire que, la première fois qu’il revit Kermelle et sa fille, il éprouva quelque trouble. Il n’en fut rien. Il se rendit au manoir à l’heure où il savait devoir rencontrer le père et la fille. « Vous avez péché gravement, » dit-il à celle-ci, « moins par votre folie, que Dieu vous pardonnera, qu’en laissant emprisonner la meilleure des femmes. Une innocente, par votre faute, a été traitée pendant plusieurs jours comme une voleuse. La plus honnête femme de la paroisse a été emmenée par les gendarmes, à la vue de tous. Vous lui devez réparation. Dimanche, la sacristine sera à son banc, au dernier rang, près de la porte de l’église ; au Credo, vous irez la prendre, et vous la conduirez par