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Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/131

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ceux de l’unité divine, d’autre patrie que sa Loi.

Et cette Loi, il faut bien le remarquer, était toute sociale et morale. C’était l’œuvre d’hommes pénétrés d’un haut idéal de la vie présente et croyant avoir trouvé les meilleurs moyens pour le réaliser. La conviction de tous est que la Thora bien observée ne peut manquer de donner la parfaite félicité. Cette Thora n’a rien de commun avec les « Lois » grecques ou romaines, lesquelles, ne s’occupant guère que du droit abstrait, entrent peu dans les questions de bonheur et de moralité privés. On sent d’avance que les résultats qui sortiront de la loi juive seront d’ordre social, et non d’ordre politique, que l’œuvre à laquelle ce peuple travaille est un royaume de Dieu, non une république civile, une institution universelle, non une nationalité ou une patrie.

À travers de nombreuses défaillances, Israël soutint admirablement cette vocation. Une série d’hommes pieux, Esdras, Néhémie, Onias, les Macchabées, dévorés du zèle de la Loi, se succèdent pour la défense des antiques institutions. L’idée qu’Israël est un peuple de saints, une tribu choisie de Dieu et liée envers lui par un contrat, prend des racines de plus en plus inébranlables. Une immense attente remplit les âmes. Toute l’antiquité indo-européenne avait placé le paradis à l’origine ; tous ses poëtes