Aller au contenu

Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/183

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ques passait pour de l’argent volé[1]. Le recensement ordonné par Quirinius (an 6 de l’ère chrétienne) réveilla puissamment ces idées et causa une grande fermentation. Un mouvement éclata dans les provinces du Nord. Un certain Juda, de la ville de Gamala, sur la rive orientale du lac de Tibériade, et un pharisien nommé Sadok se firent, en niant la légitimité de l’impôt, une école nombreuse, qui aboutit bientôt à la révolte ouverte[2]. Les maximes fondamentales de l’école étaient que la liberté vaut mieux que la vie et qu’on ne doit appeler personne « maître », ce titre appartenant à Dieu seul. Juda avait bien d’autres principes, que Josèphe, toujours attentif à ne pas compromettre ses coreligionnaires, passe à dessein sous silence ; car on ne comprendrait pas que, pour une idée aussi simple, l’historien juif lui donnât une place parmi les philosophes de sa nation et le regardât comme le fondateur d’une quatrième école, parallèle à celle des pharisiens, des sadducéens, des esséniens. Juda fut évidemment le

  1. Talmud de Babylone, Baba kama, 113 a ; Schabbath, 33 b.
  2. Jos., Ant., XVIII, i, 1 et 6 ; XX, v, 2 ; B. J., II, viii, 1 ; VII, viii, 1 ; Act., v, 37. Avant Juda le Gaulonite, les Actes placent un autre agitateur, Theudas ; mais c’est là un anachronisme : le mouvement de Theudas eut lieu l’an 44 de l’ère chrétienne (Jos., Ant., XX, v, 1).