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Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/191

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Dès son enfance, il fit presque annuellement le voyage de Jérusalem pour les fêtes[1]. Le pèlerinage était pour les Juifs provinciaux une solennité pleine de douceur. Des séries entières de psaumes étaient consacrées à chanter le bonheur de cheminer ainsi en famille[2], durant plusieurs jours, au printemps, à travers les collines et les vallées, tous ayant en perspective les splendeurs de Jérusalem, les terreurs des parvis sacrés, la joie pour des frères de demeurer ensemble[3]. La route que Jésus suivait d’ordinaire dans ces voyages était celle que l’on suit aujourd’hui, par Ginæa et Sichem[4]. De Sichem à Jérusalem, elle est fort sévère. Mais le voisinage des vieux sanctuaires de Silo, de Béthel, près desquels on passe, tient l’âme en éveil. Ain-el-Haramié, la dernière étape[5], est un lieu mélancolique et charmant, et peu

  1. Luc, ii, 41.
  2. Ibid., ii, 42-44.
  3. Voir surtout ps. lxxxiv, cxxii, cxxxiii (Vulg. lxxxiii, cxxi, cxxxii).
  4. Luc, ix, 51-53 ; xxii, 11 ; Jean, iv, 4 ; Jos., Ant., XX, vi, 1 ; B.J., II, xii, 3 ; Vita, 52. Souvent, cependant, les pèlerins venaient par la Pérée pour éviter la Samarie, où ils couraient des dangers. Matth., xix, 1 ; Marc, x, 1.
  5. Selon Josèphe (Vita, 52), la route était de trois jours. Mais l’étape de Sichem à Jérusalem devait d’ordinaire être coupée en deux.