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Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/24

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laquelle, par moments, je montrais quelque faiblesse, est ici écartée comme improbable. Enfin, je reconnais que j’avais tort de répugner à l’hypothèse d’un faux écrit attribué à un apôtre au sortir de l’âge apostolique. La deuxième épître de Pierre, dont personne ne peut raisonnablement soutenir l’authenticité, est un exemple d’un ouvrage, bien moins important, il est vrai, que le quatrième Évangile, supposé dans de telles conditions. Du reste, là n’est pas pour le moment la question capitale. L’essentiel est de savoir quel usage il convient de faire du quatrième Évangile quand on essaye d’écrire la vie de Jésus. Je persiste à penser que cet Évangile possède une valeur de fonds parallèle à celle des synoptiques, et même quelquefois supérieure. Le développement de ce point avait tant d’importance, que j’en ai fait l’objet d’un appendice à la fin du volume. La partie de l’introduction relative à la critique du quatrième Évangile a été retouchée et complétée.

Dans le corps du récit, plusieurs passages ont été aussi modifiés en conséquence de ce qui vient d’être dit. Tous les membres de phrase qui impliquaient plus ou moins que le quatrième Évangile fût de l’apôtre Jean ou d’un témoin oculaire des faits évangéliques, ont été retranchés. Pour tracer le caractère personnel de Jean, fils de Zébédée, j’ai songé au rude Boanerge de Marc, au visionnaire terrible de l’Apocalypse, et non plus au mystique plein de tendresse qui a écrit l’Évangile de l’amour. J’insiste avec moins de confiance sur certains petits détails qui nous sont fournis par le quatrième Évangile. Les emprunts si restreints que j’avais faits aux discours de cet Évangile ont été réduits encore. Je m’étais trop laissé entraîner à la suite du prétendu apôtre en ce qui touche la promesse du Paraclet. De même, je ne suis plus aussi sûr que le quatrième