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Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/282

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tout, le cadet, paraît avoir été avec Jésus sur le pied d’une certaine familiarité. Peut-être les disciples qui se groupèrent tardivement autour du second des fils de Zébédée, et qui écrivirent, paraît-il, ses souvenirs d’une façon où l’intérêt de l’école ne se dissimule pas assez, ont-ils exagéré l’affection de cœur que Jésus lui aurait portée[1]. Ce qui est pourtant significatif, c’est que, dans les Évangiles synoptiques, Simon Barjona ou Pierre, Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère, forment une sorte de comité intime que Jésus appelle à certains moments où il se défie de la foi et de l’intelligence des autres[2]. Il semble, d’ailleurs, que ces trois personnages étaient associés dans leurs pêcheries[3]. L’affection de Jésus pour Pierre était profonde. Le caractère de ce dernier, droit, sincère, plein de premier mouvement, plaisait à Jésus, qui parfois se laissait aller à sourire de ses façons décidées. Pierre, peu mystique, com-

    le trait fanatique rapporté par Irénée, Adv. hær., III, iii, 4.

  1. Jean, xiii, 23 ; xviii, 15 et suiv. ; xix, 26-27 ; xx, 2, 4 ; xxi, 7, 20 et suiv.
  2. Matth., xvii, 1 ; xxvi, 37 ; Marc, v, 37 ; ix, 1 ; xiii, 3 ; xiv, 33 ; Luc, ix, 28. L’idée que Jésus avait communiqué à ces trois disciples une gnose ou doctrine secrète fut répandue dès une époque ancienne. Il est singulier que l’Évangile attribué à Jean ne mentionne pas une fois Jacques, son frère.
  3. Matth., iv, 18-22 ; Luc, v, 10 ; Jean, xxi, 2 et suiv.