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Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/375

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« Fils »[1] devint ainsi pour Jésus un titre analogue à « Fils de l’homme » et, comme celui-ci, synonyme de « Messie », à la seule différence qu’il s’appelait lui-même « Fils de l’homme » et qu’il ne semble pas avoir fait le même usage du mot « Fils de Dieu[2] ». Le titre de Fils de l’homme exprimait sa qualité de juge ; celui de Fils de Dieu, sa participation aux desseins suprêmes et sa puissance. Cette puissance n’a pas de limites. Son Père lui a donné tout pouvoir. Il a le droit de changer même le sabbat[3]. Nul ne connaît le Père que par lui[4]. Le Père lui a transmis le droit de juger[5]. La nature lui obéit ; mais elle obéit aussi à quiconque croit et prie ; la foi peut tout[6]. Il faut se rappeler que nulle idée des lois de la nature ne venait, dans son esprit, ni dans celui de ses auditeurs, marquer la limite de l’impossible.

  1. Les passages à l’appui de cela sont trop nombreux pour être cités ici.
  2. C’est seulement dans le quatrième Évangile que Jésus se sert de l’expression de « Fils de Dieu » ou de « Fils » comme synonyme du pronom je. Matth., xi, 27 ; xxviii, 19 ; Marc, xiii, 32 ; Luc, x, 22, n’offrent que des emplois indirects. D’ailleurs, Matth., xi, 27, et Luc, x, 22, représentent dans le système synoptique une tardive intercalation, conforme au type des discours johanniques.
  3. Matth., xii, 8 ; Luc, vi, 5.
  4. Matth., xi, 27 ; xxviii, 18 ; Luc, x, 22.
  5. Jean, v, 22.
  6. Matth., xvii, 18-19 ; Luc, xvii, 6.