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Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/426

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la bonne nouvelle rendissent leur prédication aimable par des manières bienveillantes et polies. Il voulait qu’en entrant dans une maison, ils lui donnassent le selâm ou souhait de bonheur. Quelques-uns hésitaient, le selâm étant alors comme aujourd’hui, en Orient, un signe de communion religieuse, qu’on ne hasarde pas avec les personnes d’une foi incertaine[1]. « Ne craignez rien, disait Jésus ; si personne dans la maison n’est digne de votre selâm, il reviendra vers vous[2]. » Quelquefois, en effet, les apôtres du royaume de Dieu étaient mal reçus, et venaient se plaindre à Jésus, qui cherchait d’ordinaire à les calmer. Quelques-uns, persuadés de la toute-puissance de leur maître, étaient blessés de cette longanimité. Les fils de Zébédée voulaient qu’il appelât le feu du ciel sur les villes inhospitalières[3]. Jésus accueillait leurs emportements avec sa fine ironie, et les arrêtait par ce mot : « Je ne suis pas venu perdre les âmes, mais les sauver. »

Il cherchait de toute manière à établir en principe que ses apôtres c’était lui-même[4]. On croyait qu’il

  1. IIe épître de Jean, 10-11.
  2. Matth., x, 11 et suiv. ; Luc, x, 5 et suiv.
  3. Luc, ix, 52 et suiv.
  4. Matth., x. 40-42 ; xxv, 35 et suiv. ; Marc, ix, 40 ; Luc, x, 16 ; Jean, xiii, 20.