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Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/456

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tinuait à repousser celui qui devait faire sa gloire ; non-seulement ses frères persistaient à ne pas croire en lui[1] ; les villes du lac elles-mêmes, en général bienveillantes, n’étaient pas toutes converties. Jésus se plaint souvent de l’incrédulité et de la dureté de cœur qu’il rencontre, et, quoiqu’il soit naturel de faire en de tels reproches la part de l’exagération du prédicateur, quoiqu’on y sente cette espèce de convicium seculi que Jésus affectionnait à l’imitation de Jean-Baptiste[2], il est clair que le pays était loin de convoler tout entier au royaume de Dieu, « Malheur à toi, Chorazin ! malheur à toi, Bethsaïde ! s’écriait-il ; car, si Tyr et Sidon eussent vu les miracles dont vous avez été témoins, il y a longtemps qu’elles feraient pénitence sous le cilice et sous la cendre. Aussi vous dis-je qu’au jour du jugement, Tyr et Sidon auront un sort plus supportable que le vôtre. Et toi, Capharnahum, qui as été élevée jusqu’au ciel, tu seras abaissée jusqu’aux enfers ; car, si les miracles qui ont été faits en ton sein eussent été faits à Sodome, Sodome existerait encore aujourd’hui. C’est pourquoi je te dis qu’au jour du jugement, la terre de Sodome sera traitée moins rigoureusement que toi[3]. » — « La

  1. Jean, vii, 5.
  2. Matth., xii, 39, 45 ; xiii, 15 ; xvi, 4 ; Luc, xi, 29.
  3. Matth., xi, 21-24 ; Luc, x, 12-15.