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Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/469

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pèlerins fut partie, il se mit en route de son côté, à l’insu de tous et presque seul[1]. Ce fut le dernier adieu qu’il dit à la Galilée. La fête des Tabernacles tombait à l’équinoxe d’automne. Six mois devaient encore s’écouler jusqu’au dénoûment fatal. Mais, durant cet intervalle, Jésus ne revit pas ses chères provinces du Nord. Le temps des douceurs est passé ; il faut maintenant parcourir pas à pas la voie douloureuse qui se terminera par les angoisses de la mort.

Ses disciples et les femmes pieuses qui le servaient le retrouvèrent en Judée[2]. Mais combien tout le reste était changé pour lui ! Jésus était un étranger à Jérusalem. Il sentait qu’il y avait là un mur de résistance qu’il ne pénétrerait pas. Entouré de piéges et d’objections, il était sans cesse poursuivi par le mauvais vouloir des pharisiens[3]. Au lieu de cette faculté illimitée de croire, heureux don des natures jeunes, qu’il trouvait en Galilée, au lieu de ces populations bonnes et douces chez lesquelles l’objection (qui est toujours le fruit d’un peu de malveillance et d’indocilité) n’avait point d’accès, il rencontrait ici à chaque pas une incrédulité obstinée, sur laquelle les

  1. Jean, vii, 10.
  2. Matth., xxvii, 55 ; Marc, xv, 41 ; Luc, xxiii, 49, 55.
  3. Jean, vii, 20, 25, 30, 32.