Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/482

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Son doux et pénétrant génie lui inspirait, quand il était seul avec ses disciples, des accents pleins de charme : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui n’entre pas par la porte dans la bergerie est un voleur. Celui qui entre par la porte est le vrai berger. Les brebis entendent sa voix ; il les appelle par leur nom et les mène aux pâturages ; il marche devant elles, et les brebis le suivent, parce qu’elles connaissent sa voix. Le larron ne vient que pour dérober, pour tuer, pour détruire. Le mercenaire, à qui les brebis n’appartiennent pas, voit venir le loup, abandonne les brebis et s’enfuit. Mais moi, je suis le bon berger ; je connais mes brebis ; mes brebis me connaissent ; et je donne ma vie pour elles[1]. » L’idée que la crise de l’humanité touchait à une prochaine solution reparaissait fréquemment dans ses discours : « Quand le figuier, disait-il, se couvre de jeunes pousses et de feuilles tendres, vous savez que l’été n’est pas loin. Levez les yeux, et voyez le monde ; il est blanc pour la moisson[2] »

Sa forte éloquence se retrouvait toutes les fois qu’il s’agissait de combattre l’hypocrisie. « Sur la chaire de Moïse sont assis les scribes et les pharisiens. Faites

  1. Jean, x, 1-16, passage appuyé par les Homélies pseudo-clémentines, iii, 52.
  2. Matth., xxiv, 32 ; Marc, xiii, 28 ; Luc, xxi, 30 ; Jean, iv, 35.