Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/486

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Eh bien, achevez de combler la mesure de vos pères. La Sagesse de Dieu a eu bien raison de dire[1] : « Je vous enverrai des prophètes, des sages, des savants ; vous tuerez les uns, vous poursuivrez les autres de ville en ville ; afin qu’un jour retombe sur vous tout le sang innocent qui a été répandu sur la terre, depuis le sang d’Abel le juste, jusqu’au sang de Zacharie, fils de Barachie[2], que vous avez tué entre le temple et l’autel. » Je vous le dis, c’est à la génération présente que tout ce sang sera redemandé[3]. »

  1. Cette citation paraît empruntée à un livre d’Hénoch. Certaines parties des révélations censées faites à ce patriarche étaient mises dans la bouche de la Sagesse divine. Comp. Hénoch, xxxvii, 1-4 ; xlviii, 1, 7 ; xlix, 1, et le livre des Jubilés, c. 7, à Luc, xi, 49. Voir ci-dessus, Introd., p. xlii-xliii, note 4. Peut-être l’apocryphe cité était-il d’origine chrétienne. (Notez surtout le verset Matth., xxiii, 34, dont quelques traits sont sûrement postérieurs à la mort de Jésus.) En ce cas, la citation serait une addition relativement moderne ; elle manque dans Marc.
  2. Il y a ici une confusion, qui se retrouve dans le targum dit de Jonathan (Lamentations, ii, 20), entre Zacharie, fils de Joïada, et Zacharie, fils de Barachie, le prophète. C’est du premier qu’il s’agit (II Paral., xxiv, 24 ). Le livre des Paralipomènes, où l’assassinat de Zacharie, fils de Joïada, est raconté, ferme le canon hébreu. Ce meurtre est le dernier dans la liste des meurtres d’hommes justes, dressée selon l’ordre où ils se présentent dans la Bible. Celui d’Abel est, au contraire, le premier.
  3. Matth., xxiii, 2-86 ; Marc, xii, 38-40 ; Luc, xi, 39-52 ; xx, 46-47.