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Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/579

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judaïsme, Jésus ne fit pas une impression bien durable. Philon, mort vers l’an 50, n’a aucun soupçon de lui. Josèphe, né l’an 37, et écrivant sur la fin du siècle, mentionne son exécution en quelques lignes[1], comme un événement d’une importance secondaire ; dans l’énumération des sectes de son temps, il omet les chrétiens[2]. Juste de Tibériade, historien contemporain de Josèphe, ne prononçait pas le nom de Jésus[3]. La Mischna, d’un autre côté, n’offre aucune trace de l’école nouvelle ; les passages des deux Gémares où le fondateur du christianisme est nommé n’ont pas été rédigés avant le ive ou le ve siècle[4]. L’œuvre essentielle de Jésus fut de créer autour de lui un cercle de disciples auxquels il inspira un attachement sans bornes, et dans le sein desquels il déposa le germe de sa doctrine. S’être fait aimer, « à ce point qu’après sa mort on ne cessa pas de l’aimer, » voilà le chef-

  1. Ant., XVIII, iii, 3. Ce passage a été altéré par une main chrétienne.
  2. Ant., XVIII, i ; B. J., II, viii ; Vita, 2.
  3. Photius, Bibl., cod. xxxiii.
  4. Talm. de Jérusalem, Sanhédrin, xiv, 16 ; Aboda zara, ii, 2 ; Schabbath, xiv, 4 ; Talm. de Babylone, Sanhédrin, 43 a, 67 a ; Schabbath, 104 b, 116 b. Comp. Chagiga, 4 b ; Gittin, 57 a, 90 a. Les deux Gémares empruntent la plupart de leurs données sur Jésus à une légende burlesque et obscène, inventée par les adversaires du christianisme et sans valeur historique. Cf. Origène, Contre Celse, I, 28, 32.