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Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/623

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que nous admettons, d’autres que nous n’admettons pas.

§ 21. Les chapitres ix et x, jusqu’au v. 21 de ce dernier, forment un paragraphe commençant par un nouveau miracle hiérosolymite, celui de l’aveugle-né, où l’intention de relever la force démonstrative du prodige se fait sentir d’une manière plus fatigante que partout ailleurs. On sent néanmoins une connaissance assez précise de la topographie de Jérusalem (v. 7) ; l’explication de Σιλωάμ est assez bonne. Impossible de prétendre que ce miracle soit sorti de l’imagination symbolique de notre auteur ; car il se retrouve en Marc (viii, 22 et suiv.), avec une coïncidence portant sur un trait minutieux et bizarre (comp. Jean, ix, 6 ; et Marc, viii, 23). Dans les discussions et les discours qui suivent, je reconnais qu’il serait dangereux de chercher un écho de la pensée de Jésus. Un trait essentiel de notre auteur, qui sort dès à présent avec évidence, c’est sa façon de prendre un miracle pour point de départ de longues démonstrations. Ses miracles sont des miracles raisonnés, commentés. Cela n’a pas lieu dans les synoptiques. La théurgie de ces derniers est d’une parfaite naïveté ; ils ne reviennent jamais sur leurs pas pour tirer parti des merveilles qu’ils ont racontées. La théurgie du quatrième Évangile, au contraire, est réfléchie, présentée avec des artifices d’exposition visant à convaincre, et exploitée en faveur de certaines prédications dont l’auteur fait suivre le récit de ses prodiges. Si notre Évangile se bornait à de tels morceaux, l’opinion qui y voit une simple thèse de théologie serait parfaitement fondée.

§ 22. Mais il s’en faut qu’il se borne à cela. À partir du v. 22 du ch. x, nous rentrons dans des détails de topographie d’une rigoureuse précision, qu’on ne s’explique guère si l’on soutient qu’à aucun degré notre Évangile ne ren-