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Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/94

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pour ainsi dire d’elles-mêmes ; dès qu’on les touche dans ce chaos de traditions d’authenticité inégale, on les sent vibrer ; elles se traduisent comme spontanément, et viennent d’elles-mêmes se placer dans le récit, où elles gardent un relief sans pareil.

Les parties narratives groupées dans le premier Évangile autour de ce noyau primitif n’ont pas la même autorité. Il s’y trouve beaucoup de légendes d’un contour assez mou, sorties de la piété de la deuxième génération chrétienne[1]. Les récits que Matthieu possède en commun avec Marc offrent des fautes de copie témoignant d’une médiocre connaissance de la Palestine[2]. Beaucoup d’épisodes sont répétés deux fois, certains personnages sont doublés, ce qui prouve que des sources différentes ont été utilisées et grossièrement amalgamées[3]. L’Évangile de Marc est bien plus ferme, plus précis, moins chargé de circonstances tardivement insérées. C’est celui des trois synoptiques qui est resté le plus

  1. Ch. i et ii surtout. Voir aussi xxvii, 3 et suiv., 19, 51-53, 60 ; xxviii, 2 et suiv., en comparant Marc.
  2. Comp. Matth., xv, 39, à Marc, viii, 10. Voir Comptes rendus de l’Acad. des Inscript. et Belles-Lettres, 17 août 1866.
  3. Comp. Matth., ix, 27-31, et xx, 29-34, à Marc, viii, 22-26, et x, 46-52 ; Matth., viii, 28-34, à Marc, v, 1-20 ; Matth., xii, 38 et suiv. à Matth., xvi, 1 et suiv. ; Matth., ix, 34 et suiv., à Matth., xii, 24 et suiv.