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Page:Renard - Fantômes et fantoches, 1905.djvu/215

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offrande à cypris porte-miroir

sement d’apercevoir sa silhouette indécise par delà les arbres d’un paysage ou la chair d’un inconnu. Cette femme éprise de son ombre se plaisait à la voir hanter les pastels obsédés et se mêler, lointaine, trouble et transparente, aux rêves encadrés des poètes.

— C’est Elle ? demanda Briffaut en arrondissant les yeux. Huuu, siffla-t-il.

Et sa bouche contractée aspira l’air plein d’aromes comme s’il eût été savoureux.

— Chut… murmura le compositeur, aujourd’hui, pas un mot de la surprise.

Ils approchèrent.

— Tiens, c’est vous, Lavaret ; je vous vois venir dans le verre, du fond de ce jardin velouté…

Et Elle se retourna, désinvolte et jolie, le sourire creusant deux fossettes qui mettaient entre d’aimables parenthèses la bouche précisée de rouge.

— Chère madame, permettez-moi de vous présenter le docteur Briffaut, mon ami, le directeur de la Poudrière, un terrible liseur de la pensée…

Madame de Fryvol.

Cependant, ployé dans une courbette, Briffaut méditait sur la difficulté de lire sans livre.