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Page:Renard - Fantômes et fantoches, 1905.djvu/254

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fantômes et fantoches

platanes et d’ormes, à quatre hectomètres environ de la lisière, mais, devant lui, les arbres coupés laissaient une vaste clairière inclinée qui, en s’élargissant, gagnait les prés. On apercevait au bas de la côte, à gauche, les toits rouges du pauvre village, et la campagne, de là, s’étendait à perte de vue, plate et d’un vert tendre.

Je m’habillai.

Gambertin avait déjà quitté sa chambre. La porte en baillait et je vis cette chambre éclairée par une immense baie peu en rapport avec l’architecture surannée du reste. Décidément, Gambertin aimait l’hygiène. J’aperçus aussi une table avec des livres et des paperasses.

La maison semblait déserte et je n’y pus découvrir qu’une servante bougonne et volumineuse. Je l’appris par la suite, c’était madame Didyme, et ce couple de rustres constituait à lui seul toute la livrée du comte de Gambertin. Madame Saint-Thomas m’honora d’une allocution inintelligible où je démêlai : « Monsieur travaille. »

Cela me dictait mon devoir. J’allai me promener.

Le château ressemblait à une caserne en ruine et l’herbe poussait dru aux fentes des moellons. Du côté opposé à la plaine, une autre clairière était également taillée en plein bois, mais quelques