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Page:Renard - Fantômes et fantoches, 1905.djvu/57

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le lapidaire

haut relief animé, entendit le frottement caractéristique d’un cristal qu’on use sur un autre. Hermann travaillait depuis le jour d’avant. D’habitude, il reposait à cette heure-là. Smaragd n’osa point lui parler et descendit.

Gênes s’éveillait aux premiers feux du jour. Quelques matelots ivres regagnaient leur bord. Une courtisane parcimonieuse profita de la solitude matinale pour acheter au rabais des bijoux de rebut ; Smaragd lui vendit trois perles qui avaient trépassé nonobstant les racines de frêne, et la femme s’en alla, masquée de sa mantille, car les rues se peuplaient et le soleil nouveau messied aux courtisanes défardées.

Le marchand de pierres défuntes huma la fraicheur rose qui baignait la Ville et se retourna pour rentrer…

Hermann était debout devant lui. Ses habits noirs se mêlaient à l’ombre de l’intérieur pour le regard ébloui de Smaragd, et celui-ci ne voyait qu’une tête effrayante de blancheur, semblant posée sur la collerette, et deux mains exsangues dont l’une tenait un joyau de la grosseur d’un œil de lion et qui brillait comme la prunelle du fauve.

Hermann parla, et sa voix était si faible qu’elle parut venir de la chambre lointaine et de la veille. Il dit :