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Page:Renard - Le Péril Bleu, 1911.djvu/103

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le péril bleu

pagode, la bouche et les yeux de Garan recommencèrent à sourire.

— « Je vous assure que votre méthode est défectueuse », déclara-t-il. « Vous manquez d’expérience »

— « Ce sera donc une école », répondit froidement Tiburce. « J’ai bien réfléchi. »

L’autre repartit :

— « Non seulement le caractère de M. Hatkins dément vos accusations ; mais encore son départ, antérieur à l’enlèvement, vous prouve que, s’il en est l’auteur ou l’instigateur, du moins les trois disparus ne sont-ils pas avec lui… Il les aurait donc fait mettre de côté, pour s’occuper d’eux à son retour ?… Voyons !… »

Mais à présent, Tiburce, ganté de crin, se frictionnait la peau et sifflotait en mesure, comme les palefreniers d’Angleterre au pansage de leurs cracks.

Ce qu’ayant observé, M. Garan pivota sur ses jambes velues, et alla se débarbouiller.

Ils se trouvèrent prêts à la même minute ; et Tiburce, constatant leur avance, dit au mécanicien :

— « Nous partons à pied. Vous nous rattraperez sur la route. »

Ils descendirent le petit sentier raide, entre les deux chemins.

— « Sérieusement, » reprit l’inspecteur, « voulez-vous me croire ? »

— « Non. »

— « Écoutez, c’est inepte ! Et tout le monde vous l’a dit… Il est vrai que parmi « tout le monde » il y a deux lascars qui savent le fin mot… »

— « Robert et Maxime, n’est-ce pas ? »

— « Un peu, cher monsieur. »

— « À mon tour de vous dire : c’est inepte. »

— « Ouais ! Les traces surnaturelles : du chiqué ! Du chiqué parce que surnaturelles, comme les fourbis de Seyssel, manigancés pour donner le change. À la Préfecture, on se doutait bien que c’était le préambule de quelque chose… Quoique, pourtant, il y ait peut-être une autre corrélation entre ces attrape-nigauds et l’enlèvement… »