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Page:Renard - Le Péril Bleu, 1911.djvu/130

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l’aigle et le girouette

ne s’arrêta plus de grincer et qu’elle se mit à tourner sans trêve, à l’imitation d’une crécelle !

La brise, qui soufflait toujours, s’apaisa. Machinalement, les deux guetteurs s’étaient retournés du côté de la girouette. Ils la virent alors s’immobiliser à mesure que le vent tombait. Et ils reprirent la surveillance de la plaine et de la montagne.

Soudain, derrière eux, entre eux, au pinacle de la coupole, retentit le « CLAC » assourdissant.

Un recul instinctif rentra les deux têtes à l’abri du toit, et l’on distingua la dégringolade d’un objet dur et pesant qui raclait dans sa chute les ardoises sonores… Puis plus rien… Puis l’arrivée de l’objet sur le gravier de la terrasse…

Le bourdonnement s’était évanoui.

— « Sapristi ! » anhéla M. Le Tellier s’épongeant les tempes.

— « Disparus ! Envolés ! » fit Robert ayant repris sa pose d’observation. « Nom de nom ! Pas de veine !… — La girouette ne grince plus du tout… Ha ! Elle n’est plus là ! Elle est tombée !… C’est elle qui est tombée ! »

— « Ils l’ont abattue », compléta Maxime à l’autre ouverture. « Mais cette fois ils n’ont rien emporté. Ils ont laissé choir leur prise. Elle leur a sans doute glissé des mains… »

— « Et le projecteur ! » ajouta l’astronome. « On peut dire que c’est du guignon ! »

— « Je n’ai rien vu ! » bougonnait Robert. « Derrière nos têtes ! quelle malchance !… Et n’avoir pu résister au mouvement nerveux qui nous a fait rentrer, lâchement, bêtement… »

— « Hem ! hem ! » fit Mme Arquedouve affaisée sur les dernières marches du colimaçon.

— « Quoi donc, grand’mère ?… Est-ce qu’ils reviennent à la charge ? »

— « Ils… Ils partent seulement… Là. Ils sont partis. »

— « Oui ?… Enfin, » dit M. Le Tellier, « ils sont bien partis, à présent ? On peut sortir sans danger ?… Il serait bon d’aller chercher la girouette. Son examen nous renseignera peut-être… Elle s’est comportée d’une façon étourdissante… »