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le péril bleu

disent les météorologistes, mais certainement vers 50 kilomètres — et peu à peu devient le vide absolu. »

Ainsi donc, pour peu que mon ascension se poursuivît, j’allais pénétrer dans cette couche aussi terrible pour moi que le fond de l’eau !… Et le milieu que je traversais devait être déjà si raréfié !…

Mais alors, la macule ?

La macule, je l’observai. Sur le ciel extraordinairement foncé, elle était presque de niveau avec moi. Je la voyais donc à l’aise. Comme de raison, elle avait changé de forme. — Mais mes yeux sont médiocres, et j’y portai la jumelle. En même temps, je débouclai la courroie de mon appareil photographique pour m’en servir… Paf ! Une secousse violente me renversa tout de mon long dans la flaque soudain clapotante, et — malheur ! — mes besicles tombèrent et ma jumelle m’échappa ! Simultanément, il me sembla que la nuit tombait tout à coup en dessus de moi. J’entendis au-dessus de moi des glissements métalliques, des chocs secs… L’horrible étreinte rigide qui m’avait enlevé du Colombier me ressaisit, et, juste à l’instant où je tirais de ma poche des besicles de rechange, je me sentis soulevé verticalement, puis arrêté. J’entendis sous moi un glissement métallique ; l’étreinte me baissa d’un pouce, me lâcha, et je me trouvai debout sur un nouveau support invisible qui devait être à la hauteur du plafond du cylindre, — si je me rappelais correctement l’apparition glacée. À quelque 5 mètres plus bas, la flaque ronde se calmait. Pour comble de malchance, mon appareil photographique s’était détaché aussi : je le voyais nageant, hors d’atteinte, près de ma jumelle et de mes lunettes. C’était un grand désastre pour moi. Mais… [Ici quelques mots biffés.]

Or, le ciel, tout d’un coup, était devenu noir comme de l’encre, et cependant il faisait jour. Du haut de