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Page:Renard - Le Péril Bleu, 1911.djvu/289

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le péril bleu

encore d’autres lignes, celles-là complètement oblitérées. Puis sept feuillets arrachés. Puis quinze lignes masquées de hachures. Donc, du 13 au 24, rien. Et enfin ceci :]

24 août.

J’ai supprimé toutes les démences que j’avais tracées. Pendant 10 jours on s’est livré sur moi aux plus cruelles expériences. Sans m’extraire de ma cellule, on m’a soumis à toutes les pressions, toutes les dépressions, tous les mélanges de gaz. J’ai passé de l’excitation la plus effrénée à l’abattement le plus prostré : j’ai respiré de l’air suroxygéné, surazoté. Ils m’ont aussi fourré du protoxyde d’azote, ça j’en suis sûr : pendant une heure je n’ai pu m’empêcher de rire, et j’ai compris pourquoi cette femme riait tant l’autre fois. À un moment, je me rappelle que j’ai voulu crever ma prison avec une balle de revolver — mais la balle s’est aplatie contre le mur invisible — puis arrêter les clapets au moyen de mon couteau. Aussi me suis-je fait confisquer ces deux armes. Les grincements n’arrêtaient pas de se faire entendre… Enfin, c’est fini ! J’en suis revenu !… Heureusement ! Et le cahier, alors ! On m’aurait jeté à la mer sans lui !…

Les légumes qu’on nous donne sont pourris et l’eau que nous buvons sent mauvais. Le niveau de la citerne baisse. En rapprochant ces faits du fait qu’aucune proie n’a été capturée depuis le 12, il est aisé de déduire que le bateau de ravitaillement s’est perdu. L’aéroscaphe a naufragé. Je ne trouve pas de meilleure explication.

25 août.

Je me demande si ce n’est pas une hallucination due à quelque nouvelle expérience dont je ne m’apercevais pas : — en bas, à 20 mètres de la façade de l’aérarium et à la hauteur du rez-de-chaussée, seul dans l’espace et immobile comme une statue : Raflin !…