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Page:Renard - Le Péril Bleu, 1911.djvu/312

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l’épave de l’air

Une telle déconvenue incita l’astronome à faire prélever des morceaux du sous-aérien pour l’analyse chimique, afin que cette analyse provoquât l’invention d’une peinture capable de s’attacher à la matière invisible et, par suite, de la faire apparaître.

En attendant cette heureuse éventualité, M. Le Tellier se contenta de faire venir une équipe de staffeurs avec des sacs de plâtre. Ils entreprirent séance tenante le moulage des morceaux les plus simples, entre autres de la pince-cisaille-panier et de l’hélice. — Comme cela, on aurait au moins des statues de l’invisible.

Le jour baissait.

— « Venez », dit l’astronome au duc d’Agnès. « Maintenant nous allons disséquer les Sarvants… Quand je pense à ma fille, il me semble que je les aurais volontiers charcutés tout vivants !… Venez, monsieur. Nous emmenons cet aveugle que vous voyez là-bas ; il s’appelle Louis Courtois et sait l’anatomie. Le directeur de l’Institution me l’a chaudement recommandé. Allez le chercher, je vous prie. »

Quand le trio, bras dessus bras dessous, quitta le Grand-Palais, l’hélice de plâtre sortait de son moule, hétéroclite, invraisemblable, toute blanche, — reproduction fidèle d’une hélice merveilleuse que n’avaient pas conçue les seuls qui, jusqu’alors, se fussent appelés les hommes.