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Page:Renard - Le Péril Bleu, 1911.djvu/330

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de profundis clamavi

progressivement jusqu’à elle, par de faibles surprises successives ou de petits enseignements graduels, dont la somme constitue cependant soit une extrême stupéfaction, soit une science approfondie.

» C’est aussi question de vocabulaire.

» Tenez, vous eussiez dit à quelque Romain d’autrefois, au plus intelligent, au plus poète des Romains : Horace, par exemple, — ou bien à quelque Grec, au plus savant des Grecs : Aristote, si vous voulez, — vous leur eussiez dit cette phrase à la fois lyrique et scientifique : « Un jour, ô maîtres, on emploiera la foudre à pousser des galères. »

» À ces mots, je vois d’ici, monsieur le président, Aristote sourire et Horace lever les épaules…

» Cependant, la phrase que vous prétendiez absurde tout à l’heure, sera dans quelques années aussi vraiment simple et naturelle qu’il est simple et naturel de dire aujourd’hui, deux mille ans après Horace et Aristote : « Il y a des bateaux électriques. »

Le président de la République regagna son rêve élyséen.

— « Il faut détruire les Sarvants ! » tonna le ministre que l’on sait.

La séance continua, et fut levée sur un ordre du jour « invitant les Chambres à voter des crédits pour l’étude de projets destinés à combattre une nouvelle expédition arachnéenne, d’ailleurs improbable ».