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Page:Renaud - Recueil intime, 1881.djvu/133

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L’ALCYON

A ceux-là, le puissant tournoiement qui fascine,
Le jet qui saute au front, le choc qui déracine,
Les trompeuses grandeurs, les sombres voluptés,
Et parfois des rayons de soleil reflétés
Par leur verdâtre houle.
Oh ! fuis-les sans faiblesse !
Comme ce qui salit, dédaigne ce qui blesse,
Et qui n’est pas le pur et sublime tourment
Du besoin d’idéal qui te va consumant.
Laisse les flots humains se ruer sur la roche
Où tu vis en rêvant, sans peur et sans reproche ;
Car si jamais, l’ayant par la base creusé,
Ils renversaient le faîte où ton vol s’est posé,
S’ils voulaient t’entraîner à souffrir sur la terre
De quelque vain orgueil, de quelque espoir vulgaire,
Plutôt que de subir ces maîtres de trop près,
Je jure par la mort que tu t’envolerais.