Aller au contenu

Page:Renee Dunan La Culotte en jersey de soie 1923.djvu/203

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
203
LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

tour de main a voulu tout de même faire comme les élites et il n’a pas jugé utile d’apprendre. Il lui fallait tout sans délai. Vous savez la suite…

La nouvelle société eut ses vertus. Mais il lui manqua d’autres. Il aurait fallu un siècle ou deux de polissage pour lui voir acquérir un semblant de perfection. Ceux qui voulurent l’améliorer plus vite ne firent qu’aggraver ses vices.

Mais toute cette philosophie sociale est vaine. Les hommes s’agrégeront à nouveau. Il règne ici seulement cette certitude que l’attrait des sexes dominera alors les théories économiques, politiques ou théologiques et que l’amour-acte, « refoulé » par les vieilles civilisations va redevenir le seul ciment social.

Aussi les histoires que nous contèrent Ly, Idèlette, Kate, Hérodiade et Yva sont-elles vraiment, plus que toutes philosophies, synthétiques des actes humains des jours à venir.

Cet attrait qui pousse les hommes vers les femmes, c’est d’ailleurs la force qui réunit les atomes ; ce que les chimistes nomment affinité. C’est aussi cette attraction dont on a fait la loi du cosmos en la nommant Universelle. Les soleils et les éléments infinitésimaux du monde y sont également soumis. On peut dire que ce désir est en nous la seule force qui participe vraiment à l’éternité. L’amour, sous sa forme brutale, est la puissance qui unit et détruit, qui cohère et disperse. C’est, de la vie, le symbole et la réalité, l’acte et le concept. Et la jeune fille qui se refuse, luttant contre des forces qui dominent l’infini, représente seule mieux que le savant et le métaphysicien, mieux que des générations innombrables de rêveurs, ce qui est proprement humain ici-bas : le choix.