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Page:Renee Dunan La Culotte en jersey de soie 1923.djvu/90

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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

Il se montra d’une correction parfaite, cherchant seulement à savoir, puisque, selon lui, j’avais été institutrice, où j’avais pu être révoquée.

J’eus vite assez de cette promenade et priai Pacha-Lourmel de me reconduire, ce qu’il fît. Ainsi commença le troisième acte de mes aventures.

Je restai plusieurs jours sans entendre parler du marchand de toiles.

Le quatrième, il me guettait à six heures comme le jour où nous avions fait connaissance si galamment. La séance recommença. Il fut d’une politesse savoureusement pompeuse et me demanda si j’avais besoin de quelque chose dont mes honoraires chez Tsarskaia fussent insuffisants à me procurer la satisfaction. Je lui dis que je manquais de tout et d’un peu plus. Il fut grandiose et me pria d’aller acheter dans un magasin tout ce qui me semblerait utile, puis de le faire livrer chez lui.

Je profitai de cet enthousiasme et renouvelai une garde-robe qui commençait à perdre toute dignité. Toutefois je fus prudente en mes dépenses car, en somme, il fallait voir où ce vieux voulait en venir.

Il me fit porter les paquets par un commissionnaire. Je vis qu’il avait défait et reconnu chaque objet.

Je continuais mes travaux chez la sorcière. Elle me payait bien et ne m’interrogeait jamais sur ma vie hors chez elle. Son souci essentiel était de partager équitablement son temps entre ses clients et le petit bandit, dont elle tirait des illusions amoureuses, à mon avis, d’assez basse qualité. Mais peu m’importait.

Le temps coula.

Un soir, vers neuf heures, n’ayant pas vu Pacha-Lourmel, je me promenais Boulevard Haussmann.