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Page:Renel - La fille de l'Île-Rouge, roman d'amours malgaches, 1924.djvu/32

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LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

j’y pense, elle ne parle que le malgache…

— Nous aurons quelque peine à nous comprendre en ce cas…

— Oui, oui. Il faut qu’elle parle convenablement le français. Oh ! ce n’est pas difficile à trouver, parmi les anciennes élèves des Sœurs. Vous la désirez plutôt grande ou petite ?

— Grande ou moyenne.

— Mameleuse ?

— Comment dites-vous ?

— Mameleuse, répéta Randrianarive.

Et des deux mains il esquissa devant sa propre poitrine un double geste arrondi pour exprimer plus nettement sa pensée.

— Ah ! je comprends… Oui, sans doute, mais sans excès, n’est-ce pas ?

— Je vois maintenant ce qu’il vous faut, et je crois que j’ai votre affaire… Une très bonne famille de caste libre, établie depuis une dizaine d’années seulement à Tananarive. La jeune fille tout à fait jolie, pas coureuse, dix-huit ans… Si elle est en ce moment sans mari, comme je le pense, sa mère vous l’amènera ces jours-ci…

— Ah ! C’est la mère elle-même qui…

— Oui. C’est l’usage.

— Et qu’aurai-je à dire à cette dame ?

— Oh rien ! D’ailleurs elle ne parle pas un mot de français. Il faudrait que sa fille vous serve d’interprète. Or la bienséance exige cette première entrevue, votre future épouse feigne d’avoir très honte, et ne desserre pas les dents ou ne parle que par monosyllabes. D’ail-