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Page:Renel - La fille de l'Île-Rouge, roman d'amours malgaches, 1924.djvu/66

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LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

— Et le métissage par le sang blanc ou arabe, ne l’oublions pas, dit Cosquant. Je parierais qu’il n’est pas étranger au charme qu’ont pour nous les femmes Imériniennes. Il y a 800 ans que les Arabes ou les Indiens viennent ici faire du commerce. Et depuis le XVIe siècle, combien de vaisseaux portugais, espagnols, hollandais, anglais, français, ont fait naufrage sur les récifs de corail de la côte est. Leurs équipages, gagnant la terre, ont été bien accueillis par les pacifiques populations de l’île, et ont fait souche de métis rapidement absorbés. C’est peut-être pour cela qu’il y a ici des types si divers et si dissemblables.

— Vous discutez de choses bien vaines, prononça Desroches. Regardez-vous donc les uns et les autres ; vous êtes aussi dissemblables que des Malgaches. Est-ce que Berlier ressemble à Saldagne ? Pas plus que Zane à Ralinoure. Est-ce que je suis, moi, de la même race que Cosquant ? Pourtant nous sommes tous des blancs originaires d’Europe.

On se mit à rire.

— Desroches est un sage, dit Claude. Ne faisons pas concurrence à l’Académie Malgache. Écoutons plutôt.

Lee musiciens préludaient ou accordaient leurs valîh, les chanteuses fredonnaient à mi-voix pour retrouver les paroles oubliées d’un chant ancien. C’était un chœur à deux parties, séparées par un intervalle de quinte, sur un rythme alerte. Chaque phrase se terminait par des exclamations chantées à l’unisson, avec un