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Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/138

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d’indéterminisme dans les rapports des phénomènes successifs, et des agents naturels ont le pouvoir de produire certains actes, ou des actes différents, et des actes contraires, dans les mêmes circonstances données.

Ajoutons une importante remarque à ces définitions. Les penseurs qui ont compris toute la portée de la doctrine déterministe, ou enchaînement invariable, envisagé dans la production d’un phénomène particulier, ont admis, et Laplace, par exemple, a énoncé en termes rigoureux et absolus la loi du prédéterminisme universel, qu’on peut appeler l’équation intégrale du monde, impliquant un seul état possible de toutes choses, à tout instant. Cet état renfermerait l’effet possible unique des causes données dans l’un des états antérieurs quelconques, et la cause entière, immuable, de chacun des états futurs, et de tout phénomène, à l’instant où il doit se produire. Mais le déterministe se contente quelquefois, de considérer, pour chaque phénomène actuellement déterminé, la série de tous les phénomènes antérieurs qu’il peut connaître ou imaginer intervenus directement ou indirectement pour le conditionner. Il n’examine point si les séries de ce genre ne sont pas toutes liées et solidaires, et si elles peuvent être regardées comme séparées les unes des autres, dans leur cours antérieur, suffisamment prolongé en arrière. Il considère la rencontre de deux d’entre elles, quand un phénomène appartenant à l’une se trouve être la cause d’un phénomène appartenant à l’autre, et il qualifie l’effet d’accidentel, quoique nécessaire (exemple : la coïncidence d’un naufrage, qui a ses causes, et de la présence à bord d’un certain passager qui a ses motifs). Mais l’hypothèse de l’indépendance mutuelle des deux séries n’est pas admissible, dès que l’on admet la pré-